Ces derniers mois, les autorités burkinabés ont suspendu tour à tour quatre médias français. Le quotidien « Le Monde » a été ajouté à cette liste le 2 décembre.
Au Burkina Faso, le gouvernement local a décidé de suspendre, « sur tous ses supports », le quotidien français « Le Monde ». L’information a été rendue publique le 2 décembre dans un communiqué officiel. « Le gouvernement a décidé en toute responsabilité de la suspension de tous les supports de diffusion du journal ‘‘Le Monde’‘ au Burkina Faso à compter de ce samedi 2 décembre 2023 », informe le document.
D’après le ministre de la communication, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, les autorités burkinabés reprochent au quotidien français le contenu d’un article publié le 1er décembre sur l’attaque terroriste du 26 novembre sur une base militaire à Djibo, au nord du Burkina Faso. Le gouvernement burkinabé a manifesté son désaccord sur plusieurs points de l’article, à commencer par son titre : « Au Burkina Faso, la guerre de propagande fait rage après l’attaque djihadiste sur Djibo ». « Contrairement à ce qu’affirme de façon péremptoire le journal Le Monde, jamais le gouvernement burkinabé ne s’est enfermé dans une logique de propagande dans la guerre que nous menons contre le terrorisme », répond le ministre de la communication. Le communiqué de ce dernier qualifie l’article de « tendancieux » et accuse le média français « d’avoir choisi son camp ».
De son côté, Le Monde a condamné les accusations des autorités burkinabés « sous-entendant qu’il (le média ;ndlr) aurait pris le parti des groupes terroristes […] Autant d’allégations aussi fausses qu’intolérables ». Le quotidien explique avoir contacté les autorités burkinabés pour confronter leurs versions aux sources utilisées dans l’article mis en cause. « Mais comme à chaque fois depuis près d’un an, il n’a pas donné suite à nos demandes d’interviews », affirme le média français. Pour Le Monde, la suspension semble répondre à « la volonté d’empêcher la diffusion d’une information indépendante sur la détérioration de la situation sécuritaire, alors que le capitaine Ibrahim Traoré a pris le pouvoir par un coup d’État il y a 14 mois en promettant le retour à la paix ».Ecofin