Le Sénégal franchit un cap vers l’autosuffisance alimentaire. Grâce à une production record d’oignon et de pomme de terre, le pays a décidé de cesser toute importation de ces denrées à forte consommation, a annoncé mardi à Dakar Serigne Guèye Diop, ministre de l’Industrie et du Commerce.
Cette mesure, rendue publique à l’issue d’une réunion de préparation de la campagne de commercialisation horticole, vise à valoriser la production locale. Le ministre a précisé que le gouvernement souhaite désormais se concentrer sur la transformation et le stockage des récoltes, en partenariat avec les acteurs du secteur.
Une production largement excédentaire« Le Sénégal n’a jamais produit autant de pomme de terre et d’oignon », a-t-il souligné, en présence de Mabouba Diagne, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage.
Pour 2025, la production nationale de pomme de terre est estimée à 240 000 tonnes, dépassant de 90 000 tonnes les besoins annuels, évalués à 150 000 tonnes. Du côté de l’oignon, le pays prévoit une récolte de 450 000 tonnes, contre une demande de 350 000 tonnes.
Cette surproduction, bien que saluée, pose un défi logistique majeur : éviter les pertes post-récolte, fréquentes dans le secteur. Pour y répondre, le gouvernement mise sur la coordination avec l’ensemble des acteurs : horticulteurs, commerçants, stockeurs, organismes de régulation, assureurs et banques.
Stockage, régulation et transformation au cœur de la stratégie
Le plan prévoit que les stocks soient achetés par l’Agence de régulation des marchés (ARM) afin d’être conservés dans des magasins situés à Saint-Louis, Dakar et Ziguinchor. L’objectif est clair : garantir une disponibilité continue jusqu’en décembre, sans recourir à l’importation.
Le Crédit Agricole et la Banque nationale pour le développement économique seront mobilisés pour soutenir le financement de la filière horticole. L’ORSRE jouera également un rôle clé dans la régulation : un producteur qui dépose l’équivalent de 100 millions de FCFA de pommes de terre pourra obtenir un financement immédiat de 80 millions, soit 80 % de la valeur stockée.
Un tournant industriel pour l’oignon
Autre innovation majeure : 30 000 tonnes de poudre d’oignon seront désormais produites par une entreprise installée dans le nord du pays. Une avancée industrielle inédite, selon Serigne Guèye Diop, qui prévoit aussi l’exportation de l’oignon vers la Côte d’Ivoire et d’autres marchés africains.