Chaque année, la CNUCED fournit des données sur les flux financiers mondiaux, notamment dans le commerce, les investissements, les finances et la technologie. Ce document donne un aperçu global des réponses apportées aux besoins en financement des principales régions du monde.
L’Organisation des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a publié la semaine dernière son rapport annuel des investissements dans le monde pour le compte de l’année 2022. Le document indique entre autres qu’entre 2019 et 2022, les investissements étrangers dans la production d’électricité à partir de combustibles fossiles dans les pays en développement ont chuté de plus de 250 milliards de dollars à près de 70 milliards de dollars.
C’est en partie le résultat de la pression exercée par les lobbys engagés pour le climat sur les institutions financières internationales, pour réduire les investissements polluants. Ce constat survient dans un contexte global où la CNUCED fait remarquer que les flux d’Investissements Directs Etrangers (IDE) ciblant l’Afrique ont dégringolé à 45 milliards de dollars par rapport aux 80 milliards de dollars enregistrés un an plus tôt.
Cependant, les investisseurs internationaux se sont plus intéressés aux énergies renouvelables. Dans les régions en développement, la croissance du financement de projets internationaux et des projets entièrement nouveaux a été beaucoup plus progressive. Elle a dépassé la croissance du PIB, mais seulement de façon marginale.
En conséquence, le développement de nouvelles capacités de production d’électricité à partir de combustibles fossiles est de plus en plus laissé aux financiers nationaux. Cela traduit d’ailleurs la difficulté que rencontrent les pays en développement dans la mobilisation de flux financiers pour développer des projets d’énergies fossiles, parfois jugés primordiaux.
Si dans les pays en développement, les investissements internationaux dans les énergies fossiles ont drastiquement baissé ces dernières années, au profit des investissements dans les énergies propres, ce groupe reste néanmoins démuni par rapport aux pays développés. Selon le rapport, le nombre d’annonces de projets d’investissements internationaux dans les énergies renouvelables dans les pays développés, était presque deux fois plus élevé que dans les pays en développement en 2022. Cela est dû aux nouvelles réalités géopolitiques nées de la guerre en Ukraine.
« Si l’on tient compte des investissements intraeuropéens, l’Europe représentait à elle seule près des trois quarts de tous les projets d’investissements internationaux dans les énergies renouvelables en 2022, reflétant les préoccupations en matière de sécurité énergétique et les efforts concertés pour réduire la dépendance de la région à l’égard des approvisionnements en gaz en provenance de la Fédération de Russie », a-t-on lu dans le rapport.
Le document montre que les pays en développement avaient besoin de 1700 milliards de dollars par an d’investissements dans les énergies renouvelables, mais n’ont attiré que 544 milliards de dollars en 2022. Il ajoute que le déficit d’investissement pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) s’élève à plus de 4 000 milliards de dollars par an, contre 2 500 milliards de dollars en 2015. Ce déficit est manifeste dans tous les secteurs, les disparités les plus importantes étant observées dans les infrastructures de l’énergie, de l’eau et des transports. L’expansion de ce déficit peut être attribuée à la combinaison d’investissements insuffisants et de demandes croissantes.
Toutefois, depuis 2015, les pays en développement en Asie et en Afrique signalent la plus grande croissance d’annonces de projets de développement d’énergies propres. Il faut souligner qu’en Afrique, l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Kenya, du Nigeria et la Zambie ont représenté environ 40 % des projets d’investissements dans les énergies renouvelables entre 2015 et 2022.
La croissance du nombre de projets en Amérique latine et dans les Caraïbes a stagné depuis 2019. Cela est en partie dû à l’orientation du Mexique vers l’énergie fossile, en raison de préoccupations de sécurité énergétique. La croissance moyenne des investissements internationaux dans les énergies renouvelables a été supérieure au taux de croissance de l’ensemble des projets d’IDE dans la plupart des régions, à l’exception de l’Amérique latine et des Caraïbes.Ecofin