Le maître coranique et guérisseur, M. Mbow, risquait une peine de 12 ans de réclusion criminelle pour viol et charlatanisme. Une sanction requise par le Procureur, à la suite de la plainte déposée par Mme Ngom, une femme mariée de 23 ans, qui l’accusait de l’avoir abusée sexuellement sous prétexte de l’aider à tomber enceinte. Les faits remontent au 4 août 2022, lorsque Mme Ngom s’est rendue au commissariat spécial de Touba pour porter plainte, comme le rapporte L'AS.

Une accusation de viol détaillée par la plaignante

Dans son récit, Mme Ngom affirme que lors d’une deuxième consultation chez le maître coranique, celui-ci lui aurait demandé de venir seule. Sur place, il lui aurait ordonné de se déshabiller et de s’allonger, avant de procéder à des attouchements. Selon ses déclarations : « Il a d'abord introduit son doigt dans mon anus, puis m’a pénétrée violemment par voie anale. » Paralysée par l’emprise psychologique, elle ajoute avoir été incapable de réagir ou de se défendre.
Après cet épisode, Mme Ngom explique avoir tout raconté à son mari, avant de porter plainte le lendemain, accompagnée de ce dernier.

Une défense qui rejette les accusations

Face aux enquêteurs, M. Mbow a nié tout viol, affirmant avoir uniquement « introduit son doigt » pour recueillir un liquide censé expliquer les difficultés du couple à concevoir. « Elle était consentante, et son mari était informé. Je n’ai jamais abusé d’elle. J’ai voulu aider ce couple sans grands moyens, réduisant mes honoraires de 300 000 à 10 000 F CFA », a-t-il plaidé.

Un Procureur convaincu du viol

Le Procureur a, quant à lui, relevé des éléments accablants, notamment les lésions anales constatées par un médecin, qui corroborent les accusations de Mme Ngom. Il a également souligné que la plaignante n’avait aucun intérêt à mentir, mettant ainsi en péril son mariage. En conséquence, il a requis une peine de 12 ans de réclusion criminelle pour viol et charlatanisme.

La défense plaide le doute raisonnable

L’avocat de la défense, Me Assane Dioma Ndiaye, a plaidé le bénéfice du doute pour son client, pointant des contradictions dans le dossier. Il a toutefois reconnu la pratique de charlatanisme, demandant une peine allégée sur ce volet.

Un verdict mitigé

Au terme des débats, le tribunal a décidé de requalifier les faits, écartant le viol pour condamner M. Mbow à cinq ans de réclusion criminelle pour charlatanisme et abus sexuel. Il a également été condamné à verser 100 000 F CFA de dommages et intérêts à Mme Ngom.
Ce verdict met en lumière les dérives liées aux pratiques de charlatanisme et la vulnérabilité des femmes dans certains contextes sociaux, tout en laissant des zones d’ombre sur les faits de viol présumés.